« Personnes autistes, socialisation et apprentissages. La prise en charge des adolescents et jeunes adultes dans les groupes d’entraînement aux habiletés sociales. » est le projet lauréat de l’appel « Autisme et Sciences humaines et sociales » du programme de recherche en Autonomie 2020. Nous avons échangé avec Arthur Vuattoux, enseignant-chercheur en sociologie à l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (IRIS) de l’université Sorbonne Paris Nord, pilote de ce projet.
L’appel à projets « Autisme et Sciences humaines et sociales » du programme de recherche en Autonomie
Le programme de recherche « Autonomie : personnes âgées et personnes en situation de handicap » financé par la CNSA s’organisait cette année autour de 4 appels à projets, dont un sur la thématique « Autisme et Sciences humaines et sociales » remporté par Arthur Vuattoux, enseignant-chercheur en sociologie à l’IRIS de l’université Sorbonne Paris Nord, avec son projet « Personnes autistes, socialisation et apprentissages. La prise en charge des adolescents et jeunes adultes dans les groupes d’entraînement aux habiletés sociales. »
Ce programme de recherche finance des projets de recherche finalisés en sciences humaines et sociales et en santé publique, mais également le montage de projet de recherche ou encore l’association des chercheurs et des parties prenantes au sein de communautés mixtes de recherche dans un objectif de structuration autour d’une thématique donnée.
Pouvez-vous vous présenter ? Quelles sont vos axes de recherches au sein de l’IRIS ?
Je suis maître de conférences en sociologie à l’UFR SMBH (Santé, Médecine et Biologie Humaine) depuis 3 ans et chercheur à l’IRIS à l’université Sorbonne Paris Nord. L’IRIS est un laboratoire de sciences sociales avec une dimension santé assez importante.
Mes recherches, de manière globale portent sur la jeunesse, notamment sur la sexualité des jeunes, leur santé et les institutions avec lesquelles ils interagissent, notamment avec la justice des mineurs. Par exemple le tribunal ou plus récemment, la prise en charge des mineurs non accompagnés par les départements.
Pourquoi et comment avez-vous candidaté à l’appel à projets « Autisme et Sciences humaines et sociales » dans le cadre du Programme de recherche Autonomie ?
C’est le fruit de discussions internes notamment à l’IRIS. On s’est rencontrés avec Adrien Pranoramo, – post-doctorant sur le projet, qui a fait une thèse remarquable sur l’autisme en institution -, autour de cette possibilité de répondre à un appel sur l’autisme. L’idée de s’associer pour aller vers ce champ de recherche était très intéressante.
On a décidé de former une petite équipe autour de cet appel à projets. Ce projet m’a conduit vers un nouveau champ de recherche ; je ne travaillais pas du tout sur l’autisme jusque-là. La seule chose qui me relie à mes recherches passées, c’est la question du passage à l’âge adulte. On va travailler notamment sur des jeunes adultes autistes.
Au sein de l’équipe, nous avons une collègue de l’université Paris 8, Aurélie Damame qui travaille sur le « care » (recherches sur le soin et les enjeux de genre). On aura également dans l’équipe un doctorant de l’université, Yvan Garrec qui travaille sur la psychiatrie.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet « Personnes autistes, socialisation et apprentissages. La prise en charge des adolescents et jeunes adultes dans les groupes d’entraînement aux habiletés sociales. » ?
La raison pour laquelle ça nous intéressait de candidater c’est que les recherches sur l’autisme sont essentiellement des recherches médicales. On a très peu de recherches en sciences sociales sur le sujet. Il y a un intérêt à aller vers cet objet-là car il est peu traité et à l’intérieur de ce champ, il y a encore moins de recherches sur les autistes adolescents et adultes, beaucoup ont été faites sur les enfants notamment sur la question de la scolarisation.
On a construit notre projet autour de dispositifs qui sont proposés à ces personnes autistes adolescentes et jeunes adultes. Ce sont des groupes d’entraînement aux habiletés sociales, ça existe un peu partout sur le territoire, l’idée c’est de proposer à ces personnes une forme d’accompagnement à ces habiletés sociales. Tout l’objet de la recherche est d’aller regarder ce qu’on entend par habiletés sociales : ce sont des manières d’adapter ou de faire en sorte que les personnes soient à l’aise avec les normes sociales dominantes dans la société et puissent avoir une forme d’autonomie dans la vie en société. C’est là que c’est intéressant, lorsqu’on est sociologue, on travaille beaucoup sur les normes sociales, la plupart du temps elles sont implicites. On ne les exprime pas. C’est un des rares lieux où on va rendre visibles ces normes.
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous étiez lauréat ?
On était ravis d’être lauréat de cet appel à projets. Les recherches sont un peu freinées avec la crise sanitaire, particulièrement en sciences sociales où il s’agit de recherches de terrain où nous devons aller dans les institutions et rencontrer des gens. Tout est à l’arrêt ce qui nous donne une perspective sur 3 ans, fin 2023. C’est appréciable d’avoir ces perspectives-là.
C’est aussi une occasion de permettre à des jeunes chercheurs en post-doctorat ou en doctorat de poursuivre leurs recherches, ce qui n’est pas négligeable en ce moment.
Quelles sont les prochaines étapes de vos recherches ?
L’essentiel de mes recherches vont se concentrer sur cet appel à projet. J’en ai d’autres également, notamment une autour du confinement de l’année dernière. Avec une collègue, on exploite l’enquête EPICOV, une enquête statistique sur le confinement s’intéressant plus spécifiquement aux jeunes de 16-25 ans.