Nous allons découvrir l’univers de l’entrepreneuriat, au travers du dispositif Incub’13. Un incubateur à l’Université Paris 13 qui a vu naître de nombreux projets. C’est avec Mohamed Aboudrar, Responsable de l’incubateur, que nous allons comprendre l’action d’Incub’13 et l’accompagnement réalisé auprès des entrepreneurs.
Interview de Mohamed Aboudrar
Quelles sont les origines d’Incub’13 ?
Incub’13 a été fondé en 2012 par l’Université Paris 13, la communauté d’agglomération Plaine Commune et l’EPA Plaine de France pour promouvoir et développer la création d’entreprises s’appuyant sur la recherche et l’innovation. Sa mission est d’accompagner des porteurs de projets qui souhaitent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
Notre territoire a toujours compté de nombreux atouts dans les domaines de la recherche, de l’industrie et des technologies. Il bénéficie notamment d’un fort maillage d’entreprises et d’institutions : des sites de recherche fondamentale et près de 4000 chercheurs publics et privés ; de grands centres de recherche industrielle privée ; un réseau d’acteurs du transfert de technologies ; un tissu dense de PME/PMI et de grands groupes.
Pourtant, ces atouts ne donnaient pas tout leur potentiel. Alors que c’était déjà un point faible en Ile-de-France, le nombre de création d’entreprises innovantes ou de dépôt de brevets en Seine-Saint-Denis était encore plus en retrait au regard de ce potentiel. Le contraste était frappant entre la qualité des ressources disponibles et la quasi absence de création d’entreprises innovantes en Seine-Saint-Denis.
C’est dans ce contexte qu’est né il y a 4 ans Incub’13 : cet incubateur a pour vocation d’encourager et soutenir des démarches d’innovation, favoriser l’émergence et la concrétisation de projets de startups ou le développement d’entreprises nouvellement créées.
Qui peut bénéficier de l’accompagnement d’Incub’13 ?
L’incubateur s’adresse à tous types de projets innovants. Autrement dit, à tous les porteurs de projet proches de la phase de création d’entreprise et plus particulièrement les trois profils d’entrepreneurs suivants : les enseignants chercheurs qui, dans le cadre de leur recherche, ont des projets à valoriser sous forme de création de start-up, des étudiants ou jeunes diplômés du campus et, dernier profil, tous les porteurs de projet du territoire qui ont des projets en lien avec les compétences que nous avons au sein de l’Université Paris 13.
Écoutons M. Aboudrar sur l’accompagnement des entrepreneurs.
Qu’elle est la particularité d’Incub’13 ?
La particularité d’Incub’13 par rapport à d’autres incubateurs porte essentiellement sur son implantation. Le fait d’être situé sur le campus de l’Université Paris 13 nous permet de mettre en relation nos porteurs de projet avec tout l’écosystème qui la compose et nous permettons aux start-ups que nous accompagnons d’avoir accès à l’environnement intellectuel de l’Université Paris 13. De ce fait, nous sommes en capacité de mobiliser les compétences des enseignants-chercheurs dans le cadre de conventions de collaboration, de prestation ou de consultation. Nous permettons également à nos startups d’être en relation avec des étudiants, que ce soit dans le cadre de stage, d’apprentissage ou de projet tutoré. Cela permet donc à nos start-ups de gagner en efficacité, de bénéficier de conseils pointus et de mettre leurs solutions sur le marché plus rapidement.
Enfin, l’implantation d’Incub’13 dans le campus de Villetaneuse lui permet de se trouver à proximité d’un vivier de porteurs de projet potentiels notamment des chercheurs, des doctorants, et des étudiants.
Quelles sont les formules que vous proposez dans le cadre d’un accompagnement individualisé ?
Nous avons deux types de formules. On a d’abord ce qu’on appelle la pré-incubation, une phase permettant de mettre par écrit son projet. Cette phase s’adresse à des porteurs de projet – qui ont une idée claire de leur projet de création d’entreprise mais qui ne l’ont pas encore matérialisée par écrit. Durant la pré-incubation, nous allons les aiguiller pour réaliser une étude de marché, un prévisionnel financier, constituer un business plan, réfléchir à un modèle économique. La pré-incubation dure au maximum six mois, le challenge étant pour le porteur du projet de rédiger son business plan puis de décider s’il crée son entreprise ou non.
Notre seconde formule, intitulée l’incubation dure six, douze ou dix-huit mois. Contrairement à la pré-incubation, c’est une phase qui s’adresse à des porteurs de projet bien avancés, qui ont déjà un business plan, un modèle économique bien établi et qui souhaitent confronter leur projet à la réalité du marché et immatriculer leur entreprise. Notre accompagnement pendant l’incubation va être plus poussé. On va leur permettre d’aller chercher des fonds, donc de trouver des financements pour démarrer leur start-up, de confronter leur solution à un marché, de trouver des clients, de gagner en notoriété…
Quels sont les processus de sélection des projets ?
C’est assez simple. Qu’ils soient étudiants, jeunes diplômés, enseignants-chercheurs ou porteurs de projet du territoire, tous peuvent nous joindre par téléphone ou par mail. Ce premier échange va nous permettre de comprendre le projet, les motivations de son porteur et de vérifier que le projet qui nous est présenté est éligible aux services de l’incubateur et qu’il soit suffisamment innovant. Ensuite, une fois cette première prise de contact faite, on invite le porteur de projet à mettre par écrit ses idées et à nous envoyer un dossier de candidature. Grâce à ce dossier on va pouvoir appréhender le projet dans son ensemble et surtout les besoins en accompagnement. Le dossier de candidature est présenté devant un comité de sélection composé d’experts de la création d’entreprise. Au sein de ce comité nous avons des universitaires, des experts comptables, des professionnels du droit ou de la propriété industrielle, des spécialistes du marketing et des technologies du digital, des profils scientifiques, qui vont auditionner le porteur de projet. Suite aux questions posées pour vérifier ses motivations et le degré de crédibilité technique du projet, il est intégré au sein de l’incubateur.
Ce comité se réunit autant de fois que nécessaire pour se prononcer sur les candidatures. Il comprend une présentation du projet par le ou les porteurs en 15 à 20 minutes, suivi d’un jeu de questions-réponses avec les experts du comité pendant une vingtaine de minutes. Suite aux questions posées pour vérifier les motivations du porteur de projet, la maturité du projet, sa faisabilité économique et le degré de crédibilité technique du projet, le projet est intégré au sein de l’incubateur. Il convient de noter que le processus de sélection se fait en respect de toute confidentialité.
À l’issue du comité de sélection, une convention d’incubation est signée avec le porteur de projet et l’accompagnement commence alors.
Quels types de projet voient le jour au sein d’Incub’13 ?
> Projet IDEF
> Studio de jeux vidéo Uncanaut
> 3D MAP
> Tous les projets incubés par Incub’13
Cela fait plusieurs années que vous êtes en relation avec des entrepreneurs, avez-vous un exemple de problème souvent rencontré dans la démarche de création d’entreprise ?
Si on devait identifier un problème commun à tous les porteurs de projet je serais tenté de citer le suivant : très souvent les porteurs de projets sont très bons dans leur domaine et maîtrisent techniquement leur métier, mais ils ne maîtrisent pas forcément tous les domaines liés à l’entrepreneuriat. Ils peuvent être très bon technicien mais moins bon en marketing ou avoir des lacunes en gestion. La force de l’incubateur c’est de pouvoir les faire monter en compétences sur ces aspects et les mettre en contact entre eux, sachant que les compétences des uns sont parfois les lacunes des autres et vice versa. De cette rencontre, ils vont pouvoir apprendre des uns et des autres. C’est aussi ce qu’ils viennent chercher au sein de l’incubateur car ils sont confrontés à d’autres porteurs de projet qui leur permettent de les tirer vers le haut.
Vous allez prochainement ouvrir un espace de coworking au sein du campus, que va-t-il apporter aux entrepreneurs de l’université ?
Effectivement, nous allons prochainement ouvrir un espace de coworking dans lequel il y a une trentaine de places. Ces places se répartissent entre des bureaux individuels qui peuvent être mis à disposition des entrepreneurs qui souhaitent s’isoler pour être au calme et un espace de travail en « open-space ». Cet espace de co-working est tout simplement un lieu dans lequel les porteurs de projet vont pouvoir travailler sur leurs projets, rompre leur isolement en rencontrant d’autres entrepreneurs, ils vont pouvoir y échanger entre eux et discuter de leurs problématiques. Ils pourront aisément s’apporter les uns les autres, créant ainsi des synergies entre eux.
Quelle est l’évolution du nombre de projets incubés depuis le démarrage d’Incub’13 et quelles sont vos perspectives ? Et quel est le devenir de ces projets ?
Merci à Mohamed Aboudrar pour cette interview, Incub’13 et l’entrepreneuriat à l’Université Paris 13 ont un avenir prometteur. Si vous souhaitez aller plus loin, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’incubateur :
> www.univ-paris13.fr/incub13