Déclarée priorité nationale par la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998, la lutte contre l’illettrisme est un enjeu sociétal dont les bibliothèques sont des acteurs primordiaux. En effet, elles mènent au quotidien avec ou sans partenaires, des actions de prévention ou de lutte contre l’illettrisme. Pour autant, ces nombreuses et différentes actions, tant locales que nationales, ne sont pas toujours identifiées ou connues, qu’il s’agisse des collègues immédiats ou éloignés, des autorités de tutelle et surtout des publics, notamment ceux concernés. Différentes actions et publications sont prévues par l’ABF pour remédier à ce constat, la présente journée d’étude en étant la première étape.
Déroulement de la journée d’étude
Suite à une introduction de Laurent Lemaitre (Médiathèque de Merville, trésorier de l’ABF), Véronique Palanché (directrice adjointe de la bibliothèque universitaire de l’Université Paris 13) a rappelé l’importance du fonds Livres au Trésor de la BU Sciences de Paris 13 comme outil de lutte contre l’illettrisme. Deux axes clés ont ensuite été abordés durant la journée d’étude.
La matinée a été consacrée à un état des lieux des acteurs et des dispositifs. Sont intervenus : Éric Nédélec, coordinateur national de l’ANLCI (Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme) pour un panorama de l’illettrisme en France ; ou encore Thierry Claerr, chef du Bureau de la Lecture Publique au Service du Livre et de la Lecture, au Service du livre et de la lecture du ministère de la Culture et de la Communication, pour présenter les contrats territoire-lecture (CTL), dispositifs d’accompagnement de l’État.
L’après-midi a été dédiée aux regards croisés bibliothécaires/partenaires, proposant expériences de terrain, bilans, perspectives sous forme de tables-rondes. Citons l’exemple de l’association « Livre Passerelle » à Tours. Cette association a conçu un projet dans une bibliothèque d’un quartier prioritaire en rassemblant un groupe hétéroclite, non usager de la bibliothèque, pour créer un salon du livre Jeunesse et ainsi redonner le plaisir de la langue aussi bien aux adultes qu’aux enfants.
Riches et multiples, les expériences évoquées durant cette journée d’étude ont montré que les bibliothèques, que cela soit comme acteur ou comme partenaire, ont une véritable vocation à intervenir auprès des personnes illettrées ou susceptibles de le devenir.
Un mot sur l’illettrisme
L’illettrisme concerne les personnes qui, après avoir été scolarisées, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante. Ainsi, ne pas pouvoir retirer de l’argent au distributeur automatique ou compléter un chèque, ne pas pouvoir envoyer un texto à sa copine ou répondre au mot de la maitresse dans le carnet de son enfant, ne pas savoir lire une ordonnance ou un mode d’emploi ni faire un calcul simple sont les conséquences quotidiennes de quelque 2,5 millions de personnes en France, soit 7% de la population âgée de 18 à 65 ans. Parmi cette population, près de la moitié à plus de 45 ans et souffre d’ « illettrisme récurrent » (perte des connaissances issues de la formation initiale). Cet illettrisme touche donc des personnes ayant suivi avec succès un cursus scolaire voire étant passées par les bancs de la fac.
Sans être nécessairement synonyme d’exclusion, l’illettrisme isole et freine l’insertion sociale et culturelle, l’accès à l’emploi et la mobilité professionnelle sans même parler de l’épanouissement personnel de ceux qui y sont confrontés.
Qu’est ce que l’ABF ?
Fondée en 1906 et reconnue d’utilité publique en 1969, l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) regroupe des personnels de tous types d’établissements quels que soient leur grade ou leur fonction. Outre des préoccupations de formations, d’informations et d’échanges, l’ABF réfléchit et agit sur tous les sujets concernant les bibliothèques, leurs personnels, et leurs publics. Un groupe de travail piloté par Jean-Rémi François (Bibliothèque départementale des Ardennes) a été créé pour appréhender la question de l’illettrisme en bibliothèques. La Bibliothèque de l’université Paris 13 a accueilli la première journée d’étude nationale de ce groupe de travail.