Luka et Kenily Mollenthiel, étudiants à l’UFR Communication, remportent le premier prix du concours vidéo sur le consentement lancé par le réseau Égalité de l’Alliance Sorbonne Paris-Cité (ASPC). Découvrez leur projet !
La soirée « Consentir, 5 ans après #metoo »
La remise des prix du concours vidéo de l’Alliance Sorbonne Paris-Cité (ASPC) a eu lieu à Sciences Po ce 25 novembre au soir, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Elle a suivi une table ronde autour de la notion du consentement, intitulée “ Consentir, 5 ans après #Metoo ”, qui s’inscrit dans un cycle de conférences sur le cyber-sexisme et le consentement initié en 2021 par l’ASPC. Il s’agit de remettre en perspective la notion de consentement 5 ans après le mouvement #MeToo. Comment sont définis les nouveaux codes de la séduction ? Se dirige-t-on vers une nouvelle “ civilité sexuelle ” ? Comment cela se traduit-il chez les jeunes ?
Rencontre avec les lauréats
La vidéo lauréate a été réalisée par deux étudiants de l’université Sorbonne Paris Nord : Luka et Kenily Mollenthiel. Kenily est en M2 et Luka en L1 information-communication à l’université. Frère et sœur, ils ont monté en parallèle leur agence de communication, et ont postulé ensemble au concours vidéo de l’ASPC. Luka nous parle de leur projet :
Pouvez-vous nous expliciter votre concept, vos choix artistiques ?
J’aime beaucoup les fonds noirs. Le fond noir met en avant le sujet. Il sert à attirer l’attention sur les personnes, et les personnes servaient à attirer l’attention sur le fait que le consentement peut arriver à tout le monde, peu importe qui on est, son âge, son sexe, son genre… c’est pour ça qu’on a fait défiler énormément de personnes les unes à la suite des autres.
Au-delà de l’aspect visuel, on voulait captiver l’audience par d’autres sens. Là, en l’occurrence, on a voulu jouer sur le son. On voulait créer une atmosphère d’angoisse, une atmosphère qu’une victime pourrait ressentir dans ce type de situation, d’où les différents sons.
On a aussi essayé d’intensifier cette atmosphère, avec un effet de zoom, en commençant par quelque chose qui se passe dans un lieu public, quelque chose de simple, comme un snap, quelqu’un qui est lourd et insistant…puis on entre dans un cadre plus privé. Plus on entre dans un cadre privé, plus on arrive dans une situation angoissante, avec les battements de cœur qui s’accélèrent, l’angoisse s’intensifie : dans le cadre privé on est souvent seul, c’est plus dur de faire fac…
Sur l’image, les personnes restent muettes pour illustrer le tabou autour du consentement, parce qu’on a encore du mal à en parler publiquement. Au final on rentre dans les pensées profondes des gens, les choses qui restent silencieuses, qu’ils n’osent pas dire à tout le monde.
De qui viennent ces paroles, qui sont ces voix ?
L’idée c’est de montrer que ces paroles viennent de tout le monde, tout le monde peut être victime, tout le monde peut être agresseur, en s’en rendant compte ou non. Certaines paroles peuvent paraître anodines, le type de parole qu’on peut dire sans se rendre compte qu’on est intrusif ou qu’on abuse de la situation.
Les mêmes voix sont à la fois agresseurs et agressés. On ne voulait pas faire de généralité : on voulait aussi des femmes qui agressent, tout comme des hommes qui sont agressés, car ça aussi c’est tabou. On peut être à la fois agresseur et agressé, et des fois on peut se voir seulement comme victime, alors qu’on peut agir comme agresseur sans s’en rendre compte.
Chaque personne voit le consentement de manière différente. C’est aussi la raison pour laquelle on n’a pas voulu écrire le texte. On ne voulait pas que notre vision influence les autres. On a réuni une vingtaine d’ami.e.s et connaissances de divers milieux sociaux, et on les a laissés s’exprimer, faire leurs propres phrases en rapport avec le consentement. Quand vous vous sentez agressé, ou vous avez pu agresser, qu’est-ce que vous avez pu dire ?
Et ils se sont livrés librement ?
Oui, c’est une réussite pour moi. Ils ont eu confiance en moi, ils savaient que je n’allais pas déformer leur parole. Je pense qu’on est aussi une génération qui dénonce beaucoup de choses, et on met de la lumière sur beaucoup d’obscurité. Tout s’est passé le même jour : on les faisait passer devant la caméra, puis on enregistrait leurs voix. Et finalement, c’était un moment assez détendu finalement, ils se lâchaient, ils jouaient. Mais on n’a pas placé les voix sur les moments où l’on pouvait voir la personne.
Pourquoi le message “le consentement, ça concerne les filles comme les garçons”
On est tous humains, on a tous les mêmes problèmes. On est dans une société où le consentement est stéréotypé. Il ne s’agit pas de rabaisser un combat par rapport à un autre. Avec ma sœur, on voulait aussi parler du consentement au masculin, parce qu’on a encore du mal à en parler.
Qu’est-ce que ce prix représente pour vous ?
Déjà c’est un projet plus concret que des projets pour l’école. Le prix, ça nous permettra d’acheter du matériel qui nous permettra d’évoluer en tant que boite de communication. On a déjà quelques clients. Et au-delà de l’argent, ce prix nous permet de nous faire connaître, et de propager notre vision artistique.