Le projet G-book a pour objectif d’étudier les stéréotypes de genre dans la littérature jeunesse destinée aux enfants de 2 à 10 ans. Durant le mois de novembre, l’université Paris 13 accueille la collection itinérante de livres, partagée entre les différents partenaires du projet, ainsi que des cycles de lectures d’albums en direction des enfants de Villetaneuse.
Mathilde Lévêque, maîtresse de conférences à l’UFR LLSHS (Pléiade), spécialisée en littérature jeunesse, en charge du projet G-Book pour la France, représentée par l’université Paris 13 et le fonds Livres au trésor (hébergé sur le campus de Villetaneuse), répond à nos questions concernant ces initiatives.
Une bibliothèque itinérante, pour quoi faire ?
Parmi, les outils mis en place par les partenaires du projet figure une collection itinérante de livres. Celle-ci fait son arrivée à la bibliothèque Edgar Morin de l’université Paris 13 tout le mois de novembre 2018.
Que contient cette collection itinérante ?
« Cette collection a été élaborée par les six partenaires du projet : l’université de Bologne pour l’Italie, la bibliothèque régionale de Veliko Tarnovo en Bulgarie, l’université de Vigo en Espagne, la Dublin City University (Irlande), la bibliothèque municipale de Sarajevo pour la Bosnie-Herzégovine et l’université Paris 13 pour la France. La dimension européenne du projet, qui est financé par le programme « Creative Europe » de la Commission européenne, en est la principale innovation. Nous avons réuni un peu plus de quarante livres que nous considérons comme emblématiques de notre travail sur une littérature de jeunesse positive du point de vue des rôles et des modèles de genre. Dans toutes leurs variétés linguistiques, graphiques et esthétiques, ces livres parlent en particulier de la diversité et de la question du corps et des émotions. On y trouve des albums mais aussi des romans, beaucoup de fictions et quelques documentaires. La collection itinérante voyage ainsi dans toute l’Europe : son périple a commencé en Bulgarie puis en Irlande, cet été, puis il a continué en Espagne au mois de septembre avant de rejoindre l’Italie, qui vient de nous l’envoyer à son tour. Après Paris 13, la collection ira à Sarajevo, où elle demeurera. »
Qui a accès a son contenu ?
« La collection itinérante est exposée à la Bibliothèque Universitaire Edgar-Morin pendant tout le mois de novembre et l’ensemble des étudiant.es et des personnels peut venir la consulter sur place. Un espace a été aménagé au rez-de-chaussée, près de l’espace presse. »
Les livres présents dans l’exposition sont-ils empruntables par les membres de la communauté de l’université Paris 13 ?
« En revanche, non, ces livres ne sont pas empruntables. Nous avons complété l’exposition par une sélection de livres issus de la section « GBook » du fonds « Livres au trésor » qu’il est possible d’emprunter. Pour éviter toute confusion, le mieux est de poser la question aux bibliothécaires ! »
Lectures pour les enfants : sensibilisation des jeunes locaux
« En novembre 2018 également, les organisateurs du projet pour l’université Paris 13, ont pris l’initiative de proposer, avec les étudiant.es de l’AFEV, des lectures d’albums non stéréotypés à la Chaufferie du campus de Villetaneuse (en partenariat avec le service culturel de l’université). »
Qui sont les invités des ces lectures et comment y participer ?
« Ces lectures sont destinées à des enfants de CP et de CE1 scolarisés à Villetaneuse dans les écoles élémentaires Langevin et Vallès. Notre proposition s’inscrit dans un projet plus vaste de coopération culturelle entre l’université et la ville de Villetaneuse. Nous avons aussi mis en place un partenariat avec l’école maternelle Marlène-Jobert d’Epinay. Pour le moment, seuls les enfants et les parents concernés par ce partenariat participent à ces lectures. Néanmoins, en juin dernier, nous avions déjà testé ces lectures, accompagnées d’ateliers ludiques (en partenariat avec le Gamelab Ludomaker), en invitant des enfants du personnel, en particulier à l’UFR LLSHS et à la BU. Nous aimerions renouveler l’expérience ! »
Pourquoi avoir fait le choix de sensibiliser des enfants du territoire à ces questions ?
« Ces questions concernent tous les enfants, tous les territoires, tous les milieux. Des études récentes ont montré que les violences à l’école ont presque toutes un fondement sexiste. Il s’agit donc d’un enjeu majeur, qui fait souvent polémique, sans doute parce qu’on le connaît mal. Notre objectif n’est pas de donner des leçons mais de montrer comment des questions de société essentielles (par exemple l’égalité entre les filles et les garçons, le respect des différences, la lutte contre les stéréotypes et contre l’homophobie, entre autres) peuvent se traduire dans des histoires drôles, émouvantes ou poétiques. Le livre s’avère un bon medium pour sensibiliser les enfants – voire les parents – à des enjeux parfois caricaturés ou simplifiés. Le projet GBook vise aussi à apporter des éclairages sur les questions de genre, notamment sur le site qui a été créé (g-book.eu). »
Comment les parents intéressés peuvent-ils accéder à ces recommandations de lectures ?
« Justement, par ce site internet : les parents peuvent y trouver une bibliographie qui présente les livres sélectionnés (environ 500 à ce jour). Chaque livre est accompagné d’un résumé et d’une notice critique qui permet à chacun.e de se construire un avis. Nous avons pris soin de sélectionner des livres qui sont tous disponibles en librairie et, bien sûr, la plupart ont été acquis par la Bibliothèque universitaire pour le fonds « Livres au trésor ». Il sera possible prochainement de les retrouver directement à la BU Edgar-Morin. »
Quelle sera la prochaine étape du projet G-Book ? (en général et à l’université)
« Le projet se termine (théoriquement) en décembre 2018. Nous venons de demander un délai de deux mois supplémentaires aux instances européennes afin de pouvoir poursuivre encore nos activités. Il est toutefois prévu de continuer nos actions avec les écoles et les enfants des agents du personnel de l’université Paris 13. Nous aimerions aussi construire un « GBook 2 », qui pourrait, par exemple, accueillir d’autres pays européens partenaires et s’intéresser aussi à la littérature pour les adolescents, qui est très riche sur ces thématiques. A plus court terme, on pourrait envisager que les enfants et les parents de Paris 13 retrouvent ces lectures à l’occasion de la prochaine fête de Noël, pourquoi pas ? On pourrait aussi imaginer des ateliers d’écriture et de dessins, pour les petits et les grands, impliquer encore davantage les étudiant.es, inviter des auteurs comme nous l’avons fait grâce au cycle de rencontres Texto, s’adresser à d’autres écoles autour de nos campus, etc. Nous avons déjà programmé une journée d’étude sur le féminisme et la littérature de jeunesse en 2020 ! Nous ne sommes pas près de nous arrêter… »