Dans cet article, vous découvrirez le cursus d’une étudiante de l’Université Paris 13 devenue doctorante ainsi que sa thèse en cours. Témoignage d’Amena Butt.
Cet article est une adaptation pour le web de l’interview parue dans notre dernier 13 en Vue, le magazine de l’Université Paris 13.
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“Comprenez ce que je cherche”
Le dépôt de graisse dans les vaisseaux sanguins les bouchent et engendre une diminution du flux sanguin, donc du transport en oxygène appelé hypoxie. Pour apporter de l’oxygène aux tissus malgré cette hypoxie, de nouveaux vaisseaux sanguins sont formés, ce processus est nommé angiogenèse. Notre laboratoire a montré qu’une protéine associée à des sucres, présent à la membrane des cellules, le syndécane-4, joue un rôle dans la formation de ces nouveaux vaisseaux sanguins. La partie de cette protéine présente à l’extérieur de la cellule peut être coupée, sans que l’on connaisse son rôle exact.
Mes recherches visent à étudier l’implication de la partie coupée du syndécane-4 dans l’angiogenèse en condition d’hypoxie, ainsi que les mécanismes cellulaires et moléculaires qui en sont responsables. À terme, ce sujet permettra d’avoir de meilleures connaissances sur les mécanismes impliqués dans l’angiogenèse et d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les maladies cardiovasculaires ou les cancers.
Interview réalisée par Jessica Romano
Jessica Romano : Bonjour ! Pouvez-vous vous présenter
Amena Butt : Bonjour, je m’appelle Amena Butt, j’ai 25 ans, je suis en deuxième année de thèse. J’ai fait toutes mes études à Paris 13 ; j’ai commencé par une première année de médecine que je n’ai pas réussi, après l’avoir tentée deux fois, ça m’a donc paru personnellement logique de me réorienter en licence Sciences du vivant. Je suis donc entrée directement en deuxième année de licence, puis j’ai suivi le master biomolécules et thérapies expérimentales. Ce master-là m’intéressait car il était orienté biologie moléculaire et cellulaire.
JR : Pourquoi cet intérêt particulier ?
AB : On étudiait le moléculaire et le cellulaire mais toujours en rapport avec une pathologie. J’ai beaucoup aimé la deuxième année de master car les cours sont très axé biothérapie.
JR : Saviez-vous dès le début de votre master que vous alliez, ou vouliez, faire une thèse ?
AB : Oui, dès la fin de la L3 je voulais m’engager dans la recherche et faire une thèse. Ce sentiment s’est renforcé en master 1 : j’ai vraiment eu un déclic grâce au stage de recherche. Il y avait d’ailleurs, à l’époque, un master recherche et un master pro. Maintenant, il s’agit d’un master indifférencié.
JR : L’idée est de devenir chercheur ?
AB : Oui, au départ, quand on s’inscrit dans un processus de thèse, c’est pour devenir soit chercheur soit enseignant-chercheur. Après, avec le recul, quand on fait le stage du master 2 et pendant la thèse, on voit les difficultés. On commence à réfléchir d’avantage, on se pose des questions, on acquiert la maturité nécessaire que nous n’avions pas en licence où on se disait juste
« j’ai envie d’être enseignant chercheur… »
C’est un rêve, mais, au cours de notre cursus, on se rend compte assez vite de la réelle difficulté. En master 1, j’ai effectué un stage de recherche de 2 mois où quasiment toutes nos expériences nous donnaient des résultats intéressants, mais ce ne fut pas le cas lors du stage de recherche du master 2 : c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à prendre conscience à quel point c’était difficile. Quant à la première année de thèse, j’ai réellement « galéré ». Mais heureusement, dès que quelque chose se remet à fonctionner, je retrouve une réelle motivation pour continuer de plus belle, en faire toujours plus…
JR : D’autres options sont-elles envisageables comme faire de la recherche pour le privé, une entreprise peut-elle aussi être intéressée par vos travaux ?
AB : Je ne me suis pas encore posée la question pour le privé… Avec une thèse on peut être chargé de recherche, enseignant-chercheur, ingénieur de recherches dans le public. Tous ces postes sont accessibles via des concours. Le plus souvent d’ailleurs on occupe des postes intermédiaires : post-doc., ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche)… Je pense que ce n’est qu’en troisième année de thèse que l’on sait réellement vers où on s’oriente. La thèse se fait, en principe, sur trois ans, mais tout dépend (comment avance la thèse, c’est « individu-dépendant », « projet-dépendant »…) cela peut nécessiter 4 ou 5 ans. Moi, j’ai eu un financement de 3 ans et je veux finir en 3 ans.
JR : Et si vous nous parliez maintenant de votre sujet de recherche ?
AB : J’effectue ma thèse au sein de l’INSERM unité 1148 dont la thématique générale porte sur les maladies cardiovasculaires, au sein de l’équipe n°3 et plus précisément dans le groupe axé sur les glycoconjugués et les biothérapies. Le groupe se situe sur le site de Bobigny UFR SMBH. Chaque doctorant a son projet de thèse. Le mien vise à étudier l’implication du shedding de l’ectodomaine du syndecan 4 dans l’angiogenese en condition d’hypoxie.
> Le site de l’UFR SMBH
JR : Pouvez-vous nous raconter une journée type dans la vie d’un doctorant ?
AB : Cela dépend des périodes… J’ai un planning de manipulations à effectuer que je réalise une fois par mois avec ma cheffe. Actuellement je viens au laboratoire à 8h00, en ayant à peu près prévu mon programme de la journée. Je travaille sur des cellules donc je réalise beaucoup de manipulations mais je dois aussi faire de la culture cellulaire quasiment tous les jours.
JR : Vos manipulations prennent elles du temps ? Et qu’en est il du résultat ?
AB : Cela dépend vraiment du type de manipulation. Certaines prennent quelques heures, d’autres une journée, d’autres encore plusieurs jours… Tout dépend de la question que je me pose au départ et de l’expérience qui en découle. En ce qui me concerne, je fais toutes ces manipulations en totale autonomie, mais nos chefs sont toujours disponibles pour nous aider si on a des questions ou des soucis avec la manipulation. On peut à tout moment se référer à eux. J’assiste également a une réunion de laboratoire toutes les semaines pendant laquelle on présente nos résultats. J’ai aussi des rencontres avec ma directrice de thèse lors desquelles je fais un bilan de mes résultats. Nous faisons également un point sur les expériences qu’il reste à réaliser. Ces moments d’échanges me sont très utiles. Elle m’aide, me conseille ; elle a notamment été très présente en tant que soutien et conseille pendant ma première année de thèse.
JR : Vous attendiez vous à des échanges aussi simples ?
AB : Avec ma cheffe, oui, car avant le début de ma thèse, nous avions eu un entretien et le feeling était au rendez-vous. Je savais qu’elle serait une personne disponible. C’est très important de communiquer, surtout dans le cadre d’une thèse ! Avouons le, c’est quand même 3 ans de stress…
JR : À l’issue des trois ans de recherche, vous présenterez votre thèse devant un jury. Comment cela se passe ?
AB : Le jury est composé de 5 à 8 personnes. Il y également un public constitué le plus souvent des membres du laboratoire ainsi que la famille et les amis. Nous avons moins de 45 min pour présenter nos travaux de thèse. Ca peut sembler long mais après trois ans de recherches, nous en avons des choses à dire !… À propos de la rédaction, on essaie toujours de rédiger au plus tôt mais c’est inévitablement en troisième année qu’on commence à rédiger.
JR : Merci pour ce témoignage ! Maintenant, si vous le permettez, changeons un peu de sujet… M. Ledoux, vous a cité tout de suite comme personne très impliquée dans la vie de l’Université Paris 13… Vous nous en parlez ?
AB : Je suis représentante des doctorants à l’école doctorale Galilée ainsi qu’à la commission de la recherche de l’UFR SMBH. Cette mission me paraissait importante car, à la différence de Villetaneuse, il n’y a pas le BRED à Bobigny. Le BRED sert aux doctorants en cas de soucis, s’ils ont besoin d’informations particulières. C’est un service très important pour un étudiant en thèse… Alors à Bobigny, nous (les doctorants) nous sentons un peu isolés parfois. Et cela encore plus particulièrement pour les doctorants qui n’ont pas fait leurs études à Paris 13… Dans ce cadre, je travaille avec les 4 autres représentants des doctorants et le BRED à la création d’un fascicule explicatif.
Objectif : renseigner rapidement les doctorants sur les démarches administratives, leur donner les contacts utiles.
Nous espérons pouvoir mettre en place ce document le plus rapidement afin de répondre à un besoin existant. Dans l’idéal nous aimerions aussi créer une antenne du BRED à Bobigny, deux fois dans l’année. Un accueil physique peut faire la différence au niveau des démarches d’inscriptions ou pour les bilans de formations. Mais pour le moment, nous n’en sommes qu’à l’étape « idée ».
> En savoir plus sur le BRED
JR : Merci beaucoup Amena. Je vous souhaite une bonne poursuite de recherches ! Et restez impliquée dans la vie du campus, vous avez de beaux projets.